lundi 15 juin 2015

LES INSTINCTIVES

Il est tard, je suis prise d'une submergeante envie d'écrire une chanson. Je ferme toutes les portes de la maison, me cloître dans mon Bureau/Antre/Bordel et me mets au piano. En quelques minutes une ligne mélodique me vient ainsi qu'une suite d'accords. C'est ce qui s'appelle l'inspiration. (Tu as galéré pendant des semaines voire des mois sans rien, à chercher, à travailler à te taper la tête contre les murs, j'suis nulle j'arrive à rien et puis à un moment ça paraît simple et évident.)
Je n'aime pas la méthode du "yaourt" qui consiste à chanter n'importe quoi en attendant un texte, j'ai besoin d'un minimum de sens quand je chante. Alors je mets des mots, ce qui me vient instinctivement en anglais sans me prendre la tête.

J'enregistre ma chanson, piano/voix,  quelque chose de très court, pas de refrain comme on l'entend habituellement...mais ça me plaît, je me dis qu'elle fera une belle transition dans un album et je vais me coucher.

Le lendemain j'ai toujours l'air dans la tête. J'écoute le dernier titre de Dominique A "Eléor", et là j'ai l'envie folle de le contacter et de chanter mon interlude avec lui. J'entends sa voix, j'entends ses mots sur ma chanson. Je ne le connais pas. Je cherche son contact et fini par le trouver. Le soir, je lui envoie un message, je n'en mène pas large, j'y vais mais j'ai peur, et vais me coucher.

Le matin. J'ai une réponse. Je tremble franchement là. L'homme me dit que j'ai une belle voix et que le peu qu'il a écouté lui semble très bien. Il est cependant en pleine sortie de son propre album...(quelle conne, t'étais pas au courant??? ben si.) pas le temps donc. 

Je ne suis pas déçue, je suis ravie qu'il m'ait répondu, j'aurais tout aussi bien pu ne jamais recevoir de réponse, non?
...
Nan je déconne, je suis super déçue, j'y croyais à fond, je me suis dit qu'en écoutant mes premières phrases il resterait scotché et qu'il ne POUVAIT PAS refuser...C'est mon petit côté joyeux lutin et magie des fées de l'être élu du lundi. Le lundi,  j'ai toujours l'impression que tout est possible et que je suis merveilleuse, que personne ne peut résister à mon charme naturel et mon charisme de ouf malade. Le mardi je me dis que je suis bien conne, nulle, pathétique, et que je ne vaux pas plus qu'un paillasson...pour trouver la vie incroyablement magique le mercredi....et ainsi de suite!


Je reste avec ma chanson...


Mon album précédent sorti pour les souscripteurs ne sort toujours pas.

Je ne m'en sors pas avec tout ce temps qu'il y a entre l'écriture d'un morceau et le moment où il sort...ça m'ennuie, ça m'angoisse, ça me MET EN COLÈRE. Je déprime, je me sens impuissante.

plusieurs mois passent.

Ma mélodie me revient de temps en temps, je la joue au piano, mais je n'y apporte aucune retouche. Je vois passer un post de  Joseph d'Anvers, je me rappelle que j'avais beaucoup aimé ses mots, je réécoute son album. Je lui envoie un message avec la chanson. Pas pour un duo cette fois, c'est la voix de Dominique A que j'entendais, pas celle d'un autre. Je lui demande un texte.
Il me répond très vite que la chanson lui plaît, qu'on peut se reparler fin juin...

FIN JUIN!!!!

Non, c'est vrai, c'est pas si loin.
C'est même un délai tout à fait raisonnable.

MAIS J'EN AI MARRE D'ATTENDRE!!!! JE NE FAIS QUE CA ATTENDRE!!!!! JE NE VEUX PLUS ATTENDRE!!!! JE PETE LES PLOMBS!!!!

Nous sommes le mercredi. (donc UP! tout est possible YOUPI) Je reprends ma chanson. J'écoute mon enregistrement. Je le trouve simple mais cool. J'écoute les mots que j'avais mis instinctivement, je les trouve pas si mal, je change deux trois trucs et j'envoie ça à un ami artiste touche à tout, Paul Peterson. 
Je lui dis : "Paul, j'ai une chanson, je te propose de faire une vidéo dessus, un truc simple, ce qui te vient instinctivement, pas besoin de voir ma gueule dessus, je t'envoie le titre et tu me dis. ça t'inspire c'est cool, ça t'inspire pas, c'est pas grave. Mais tu me dis très vite et on le fait très vite, ou on ne le fait pas."

Paul écoute de son côté, le soir même il m'envoie une proposition, genre un bout de truc qu'il avait filmé en vacances comme ça, instinctivement, en pensant que la symbolique était intéressante.

je regarde et je pleure.

C'est simple, c'est beau, ça donne un autre sens à ma chanson et je trouve ce sens magnifique.

Je lui dis ok.

Le lendemain, jeudi (donc DOWN....triste réalité....) je regarde à nouveau et je trouve que ça manque quand même un peu d'évènements...
je lui en parle, sans vraiment savoir si c'est par convention....cette idée qu'on ne doit jamais s'ennuyer...toujours du neuf....ou est-ce vraiment par conviction personnelle?
Il me répond ok "c'est ton projet Lola", il veut bien essayer des trucs, mais franchement, pour lui, son œuvre doit rester telle quelle. (enfin c'est ce que j'ai compris du roman fleuve qu'il m'a écrit...)
Je sens que ça lui coûte.
D'autant plus que je sens aussi qu'il a raison.
alors je lâche et lui dis OK, ta proposition à toi c'est ça et pas autre chose? Ça marche.
J'accepte avec plaisir.

Je l'envoie ensuite au réalisateur de mon album (ALBUM  QUI N'EST TOUJOURS PAS SORTI BORDEL DE MERDE) David Berland, mon adoré David Berland. Je lui demande un mixage, comme ça, mais si possible vraiment vite, sans prise de tête. Il écoute, il demande s'il peut faire quelques arrangements, je dis oui...mais j'ai un peu peur que ça dénature le truc....
4 jours plus tard il m'envoie la chanson.
J'écoute.
C'est beau.
C'est très beau.
Classe.
Ca me fait du bien.
Mais très vite une petite voix me dit que c'est un peu trop chargé.
Je prends peur, je pense à Paul qui est dans un truc plus essentiel, plus simple. Comprenez, je ne veux pas effarouché Paul.
J'appelle David et je lui demande quelques retouches.
Il me dit ok, "c'est ton projet Lola," mais je le sens quand même un peu agacé. (si tu lis ces lignes David, je commence à te connaître alors ne dis pas le contraire!!!)
le temps qu'il rentre dans son studio, je me dis que quand même ma première réaction était que je trouvais ça très beau.
Il me redemande les modifs EXACTS à faire.
...

AUCUNE
...
ne change rien, juste ne change pas ce que moi j'ai proposé. Laisse ma structure intacte, pas de copié/collé...rien.... Quant à ta propre proposition, je garde tout.

J'appelle Paul, je lui dis: " je t'envoie la chanson avec les arrangements, c'est comme pour toi, tu acceptes tout, ou tu n'acceptes rien."

Il accepte avec plaisir.

Le lendemain, je contacte Benjamin Joubert pour le mastering, je lui dis : "Mec, j'ai un projet pour toi, tu dois faire le mastering d'une chanson de 2min20, tu n'as aucune direction, liberté totale, fais ce que toi tu sens être bien..."
le mec est très enthousiaste...mais quand même je le sens un peu perplexe...il me demande : je ne peux pas te faire deux propositions?

NON MEC, une seule et tu l'assumes, pas de retouche.

et voilà....

un concept est né : LES INSTINCTIVES

 et voici le premier résultat :
"NIGHT FLOWERS"


Vous pouvez la télécharger ici, au prix que vous voulez, 

https://lesinstinctives.bandcamp.com/track/night-flowers 

et vous pouvez découvrir toutes les étapes de la chanson sur le site  


Les joueurs même pas peur sont :
Benjamin Joubert: Mastering
David Berland : Arrangement et mixage
Paul & Jenko Peterson : Image
Lola Baï : paroles et musique


lundi 1 juin 2015

Réponse au "secret de comm’ des artistes à succès"

J'ai un parcours artistique assez long derrière moi, jalonné de joie, d'exaltation, de questionnement, de doute, de déprime, d'épuisement, de bonheur...Comme tous les artistes j'imagine.

J'ai commencé par faire de la musique comme on créé un monde à soi dans lequel on se sent bien. Puis sont venues les premières confrontations avec le public, la trouille au ventre avant de monter sur scène, cette sensation incroyable de la surmonter et de transformer cette énergie en quelque chose de fort, de positif... cette timidité maladive, cette hypersensibilité paralysante... tout ça bien utilisé, nécessaire, parfaitement à sa place le temps d'un concert.

Enfin mes premières compositions livrées comme on donne un bout de soi, à vif.
Et sont venus les premiers retours, les premiers avis, les premières critiques et les premiers conseils.

Et ce qui fait le plus de mal,  ce sont les conseils.
Les conseils des uns et des autres... des gens du métier, ton voisin, tes amis...

liste non exhaustives de conseils réellement reçus par des professionnels:

"Tu chantes que des trucs tristes, faudrait que ça soit un peu plus enjoué quand même."
"Tu es une chanteuse, on doit voir ta tête, il faut des photos où on voit bien ton visage."
"Ta pochette c'est pas possible, mets ta tête en gros, et c'est sûr, ça va attirer l'oeil."
"C'est quoi ces fringues? faut que tu aies du style, un truc bien marqué, sinon les gens vont pas t'identifier."
"Moi si j'étais toi, je ferais une vidéo qui fait du buzz."
"De la vidéo comme un film, tout le monde fait ça, il te faut de la super qualité comme dans un film...t'as personne pour le faire???  tout le monde sait faire ça maintenant!!"
"Il te faut une vision de ta musique, ça suffit plus la musique, limite on s'en fout de la musique."
"Bah oui mais c'est comme ça maintenant Lola, tu dois être ta propre manageuse/productrice/éditrice/tourneuse/directrice artistique/graphiste/ tu dois tout savoir faire."
"De la musique de film, c'est ce qui se fait en ce  moment, tes arrangements devraient être plus cinématographiques."
"En fait ce qui va pas avec ta musique Lola, c'est que c'est trop compliqué, faudrait que tu fasses plus simple."
"J'écoute et je comprends pas où tu veux en venir, faut que je comprenne tout de suite où tu veux en venir."
"Faut que ton univers soit déjà clairement défini."
"Faut pas que ça soit trop défini sinon, parce que les DA ils aiment bien mettre leur patte !"
"De la cohérence, limite tu fais la même chanson du début à la fin de l'album, bon j'exagère mais c'est ça !"
"Faut chanter en français, penses aux quotas des radios."
"Du gimmick, il faut du gimmick, si on retient, c'est que la chanson est bonne."
  "Ca serait peut-être mieux de prendre des musiciens pour jouer à votre place, non ?"
"Les chaussures, c'est vachement important, un artiste sur scène, s'il n'a pas pensé à mettre de belles chaussures, même plus j'ai envie d'écouter."
"Faut définir ta musique" le même plus tard : "au fond c'est les autres qui vont définir ta musique, laisse-les faire."

Et toi tu es là, artiste, ton petit cœur, hypersensible, tu te remets en question parce que tu sais bien que tu n'as pas la science infuse... et tu fais cette erreur conne, compréhensible, d'écouter les conseils... mais au fond tu sais pas bien pourquoi... tu te perds toi même dans ton discours... parce que qu'est-ce que tu veux au juste ? y arriver ? mais c'est quoi y arriver quand on est artiste ?

Et puis il y a cet article :

"Le secret de comm’ des artistes à succès

Huit minutes de lecture et une réflexion sur ce qu’il faut à votre projet pour connaître les cimes. Et y rester." par Mathieu Aribart & Jérémy Mahieu, pour l’Agence Brass.

 
https://medium.com/france/le-grand-secret-de-communication-des-artistes-%C3%A0-succ%C3%A8s-35c8d6a30250 

 Woaw! génial !  Huit minutes et hop, cette réflexion te fera connaître les cimes!! 

et là tu te dis que trop c'est trop.

Je pense les auteurs pleins de bonne volonté, c'est leur job de détecter les tendances, et je trouve leur analyse plutôt juste... mais pas complètement juste et ce qui ne l'est pas est dangereusement *malhonnête* et *pernicieux.*


Pourquoi?

La parole importante est celle de l'artiste. Qu'en pense FAUVE ? Qu'en pense Christine and the Queens ? Stromae ?


Là où tout se joue c'est ce moment où toi artiste tu es chez toi, plein d'émotions à extérioriser, plein d'idées brûlantes qu'un truc un peu plus fort que toi te fait transformer en musique, en paroles, en mélodies, tu créés... C'est là que ça se passe, c'est là que tout commence et c'est là que les choses se déterminent.

Je ne crois pas un seul instant que Christine and the Queens se soit dit "oh dis-donc, je sens bien que les gens vont être complètement dingues d'une réflexion soft sur le genre, c'est ça qui va faire que ma musique va plaire, je fonce et pas mollement!"
et même "ouais, on va super mal les gars, on est tous en dépression, du coup je propose que notre musique  symbolise l’envie d’évasion d’une génération aliénée, et paf on va tout décliner là dessus et ça va être le succès."


AUCUN artiste ne pense à ça au tout début, ça n'est pas son rôle.

Mais ces artistes ont eu la bonne idée DE NE PAS ÉCOUTER LES CONSEILS des uns et des autres.

Y'en a une qui a vécu un truc incroyable en Angleterre qui l'a inspiré comme pas possible, qui kiffait Michael Jackson, et qui lui a emprunté ses chaussures, sa façon de danser et ses "hé"...Rien à faire de ce que les autres ont pu lui dire, elle ce qu'elle voulait c'était de la pop, de la danse. Et elle a eu bien raison de suivre son envie et son instinct.
FAUVE pour avoir discuté avec eux, c'est la même chose. Ils ont eu besoin à un moment de se libérer du carcan habituel de la musique, ils ont lâché leur douleur et leurs angoisses sans aucune arrière pensée et le truc a pris à grande vitesse, ils étaient les premiers surpris.
( Et je m'excuse auprès d'eux d'essayer de retranscrire leurs mots avec ce que ça comporte d'interprétation de ma part...ils viendront dire ce qu'ils en pensent si ils veulent.)

C'est quoi leur point commun?

être fidèles à ce qu'ils sont.

C'est quoi leur 2ème point commun?

Quelqu'un, une tourneuse (FAUVE), un label ( Christine and the Queens) a eu le talent de capter que ça pouvait vraiment rencontrer un public. et d'autres plus pragmatiques ce sont référés aux vues youtube  (Universal pour Stromae) ...



Voilà en quoi cet article est malhonnête.
Les artistes n'ont pas conscience de ce qu'ils vont provoquer chez les gens, c'est inconsciemment qu'il captera cet air du temps et c'est après coup que l'analyse peut se faire. Seulement une fois que le succès est passé par là.
Là on peut se dire "ah mais oui, c'était dans l'air du temps et je vais vous expliquer pourquoi!"
Même le pro qui a repéré l'artiste fait un pari, n'est pas sûr, sens quelque chose...

et le public fait le travail ensuite. 
Qu'on peut effectivement renforcer après coup.

Mais attendez, c'est là que ça devient encore plus drôle!
C'est qu'on peut toujours analyser,  rien, absolument rien n'indique que ce qui a fait le succès d'un artiste se reproduira encore et encore à chacun de ses albums...Combien ont connu le succès sans jamais le retrouver??

Et pourquoi est-ce pernicieux?
Combien d'artistes en lisant cet article vont sortir leurs narines pour essayer de flairer comment ça sent dehors? l'air du temps? Quelle image plus grande qu'eux ils pourraient bien incarner? et combien vont ADAPTER leur musique en fonction de ça??? Vont oublier l'essence même de leur travail? et sûrement se planter et se remettre en question et pourquoi moi ça marche pas j'ai pourtant tout fait bien....

On ne peut pas savoir ce qui marchera. Ca prend, ça ne prend pas, c'est évident, ça ne l'est pas...Et les artistes "mous" sont le plus souvent les artistes qui font des compromis parce qu'ils ont trop écouté les conseils des gens du métier. Ceux qui savent, ceux qui aimeraient bien savoir, ceux qui aimeraient avoir la recette.

La seule recette c'est d'être fidèle à soi-même, fidèle à son envie et à son instinct, c'est la seule façon d'être en paix avec soi-même parce que le succès effectivement n'a rien à voir avec ton talent. il viendra ou pas, sera là pour ta vie entière ou juste quelques mois et tous tes calculs n'y pourront rien, et ton plan de com' non plus, et ta ringardise si ça se trouve, c'est ce qui va plaire demain.


et puis merde, t'es pas dans l'air du temps? t'as pas vendu plein d'albums?
tant mieux pour toi de toutes façons tu n'aurais pas supporté la pression du succès tu te serais suicider à 27 ans.


pour ma part je suis en cure de désintoxication de conseils. Je vais donc relire mon post et me l'appliquer.

  

et là j'entends une petite voix me donner un dernier conseil: "ah ah ah , il est super ton article Lola tu devrais en faire une chanson."

LAISSEZ NOUS TRANQUILLES AVEC VOS CONSEILS!!!!

mercredi 18 mars 2015

Oeil de boeuf.

Je ne dors pas. Il est 2H30. Je me retourne dans mon lit, sur le côté, l'autre côté, je m'agace. J'ai des impatiences. 3h00. toujours rien. Je ris intérieurement de l'ironie de la situation. Demain, c'est la fameuse séance photo. Nous devions la faire vendredi dernier mais la vieille j'avais un concert...donc je n'allais pas beaucoup dormir, donc j'allais avoir une tête de déterrée bouffie, donc nous avons repoussé. Très bon plan sauf que c'était sans compter mon angoisse, ma trouille, ma panique. (et si le Photographe m'oublie? et si finalement il ne veut plus me prendre en photo? et si je n'arrive pas à avoir un truc intéressant dans le regard? Le vide? un regard bovin? vas-y cocotte, là tu me donnes rien, vas-y!!)

3h30.

Je décide de recourir à mon stratagème de sioux qui consiste à passer d'une image à une autre, du coq à l'âne....Vous n'en n'avez jamais entendu parlé? C'est normal je l'ai inventé..concept expliqué : penser à une fourchette puis une piscine, une lampe, un éléphant...aller très vite dans la visualisation, il ne doit y avoir aucune cohérence, et PAF à un moment donné je m'endors.
En fait non.
5H00...je ne dors pas...
6h00....je ne dors pas...
7h30????? Je panique, mais qu'est-ce que j'fous? je devais me lever à 6h30! Je me lève d'un bond...
et finalement me réveille...
mon truc des images avait vraiment marché.

Il est 4h30 je dormais en rêvant que je ne dormais pas...

...

...

ok...une fourchette, une piscine, une lampe, un éléphant....


6h30 je me lève. Je me regarde dans la glace.

Déterrée bouffie.

Je prends la route, le train.  Mon voisin est assez agacé parce que je ne m'installe pas assez vite. Je vais prendre un café. Personne pour me faire sourire cette fois. Morose. Gare. Métro. J'arrive chez le photographe, un petit peu en retard, un petit peu en nage. Valise pleine de fringues + métro ça ne fait pas bon ménage. Il m'accueille avec le sourire, je m'excuse pour le retard, il me dit que ça n'est pas grave. Je pose mes affaires, on discute deux minutes, et il a un coup de speed "bon allez on y va, euh parce que l'attente tu comprends, y'a un moment dans les séances, je m'impatiente, je veux commencer le travail!", tu reviendras pour le "c'est pas grave le retard". Mais en fait ça me fait rire parce que c'est dit comme un enfant qui trépigne d'impatience, à qui on a donné un jouet et qui n'arrive plus à attendre d'enfin l'essayer. Ce monsieur a l'air d'être un vrai gentil. Malgré son urgence, il me propose tout de même un café. Et là j'ai l'image de la maman du petit garçon impatient..."On n'oublie pas les bonnes manières, mon fils!".

OK! Allez on se dépêche, on choisit les fringues, hop, je m'habille, me maquille légèrement et c'est parti! (quoi? pardon? non je n'ai pas de maquilleuse...c'était hors budget...)

Et voilà. Premiers clics de l'appareil photo.

"c'est quoi ces yeux de petit moineau apeuré?"

AAAAAAAAAH le regard vide, l'oeil bovin!!!! je l'avais dit!!
non il a dit moineau, c'est quand même pas pareil.
Moi apeurée? n'importe quoi. vraiment n'importe quoi...pas du tout la trouille la lola.

ok, il me dit d'être fière de ce que je fais, fière de ma musique. Je respire. Le petit moineau s'en va.


et c'est parti pour 3h30 de shooting.

la séance se termine, et je dois dire que j'en suis plutôt contente, non pas que ça se soit mal passé, c'était une super expérience, j'ai même fini par me prendre au jeu...mais, alors, CREVÉE la Lola, lessivée!!!!!! sans déconner, total respect aux modèles, mannequins qui restent des heures concentrés avec ce je ne sais quoi dans le regard. Pour ma part, à la toute fin, je pense que l’œil vide du bovin ne devait pas être loin.

On se dit au revoir.

Je repars absolument ravie de la rencontre et de l'échange. A mon tour de trépigner d'impatience pour voir le travail. Je recevrai les photos dans une semaine.


Et puis zut.

Un oeil de boeuf, un oeil de vache, avec leurs grands cils soyeux, c'est quand même beau.


Alors je vais tâcher de ne pas trop m'inquiéter du résultat.




mercredi 4 mars 2015

Une nana sympa

Direction Paris.
Je commence bien la journée, monsieur wagon restaurant SNCF est d'humeur badine, notez que nous ne nous connaissons pas. "Ce sera quoi pour vous mademoiselle? Café latte? Je vous mets un couvercle? Non ? Parce que la dernière fois, y'en avait partout, hein? Ha ha! Et un muffin avec ça? Ah voyez il ne m'en reste qu'un, il vous attendait, ah ah, la prochaine fois n'arrivez pas en retard! Ah ah!". C'est pas franchement drôle, mais je suis une nana sympa, je n 'ai pas envie de le mettre mal si tôt le matin, je joue le jeux et prends mon café avec un grand merci qui déraille de la façon la plus ridicule qui soit. C'EST LE MATIN BORDEL! j'ai pas la voix chauffée... Je loue l'ingénieur qui n'a pas réussi à  suffisamment insonoriser les wagons et m'enfuie retrouver ma place.

Paris se profile et avec elle mon rendez-vous/rencontre avec un photographe pour des photos de presse. Je prends le métro et tombe sur un groupe de musiciens russes (à priori russes, suis pas experte sur les langues de l'Est... Alors contentez-vous de ça.) Les amis, je vous jure, j'ai dû m'arrêter pour les écouter tellement c'était beau. Une dizaine de voix masculines, des mélodies d'une tristesse infinie mais qui vous chavirent le coeur. Je leur donne ma monnaie, reprends le métro et regrette de ne pas leur avoir acheté un cd... Besoin de faire quelques économies en ce moment, je me jure de ne pas trop dépenser aujourd'hui, parce que vraiment les temps sont durs.

J'arrive enfin à  mon rendez-vous. Je monte de vieux escaliers en bois et essaie de sonner à la porte. La sonnerie est HS. Je frappe bien fort. Un homme ouvre la porte, me regarde et dis "ah ben non!" et s'en retourne laissant la porte ouverte. J'entre à sa suite "sympa l'accueil!" dis-je en riant. Le type qui n'est pas mon rendez-vous, rit à  son tour "Excuses-moi j'attends moi aussi quelqu'un et je pensais que c'était lui."
J'entre dans l'antre de quatre artistes, il y a des guitares, un petit ampli vox, des photos partout, des livres qui débordent de bibliothèques, une odeur de tabac froid et de café frais. Mon rendez-vous s'avance et me sourit, on se présente, c'est la première fois que nous nous rencontrons.
"Tu veux un café?" avec plaisir (avec un couvercle ah ah...nan parce que la dernière fois...)
Je m'avance vers son bureau et observe là sous mes yeux, les photos des pochettes d'album les plus classes de la chanson française. Je me dis que j'ai bien de la chance.
"Tu peux t'assoir si tu veux" "non je peux pas, j'observe!" que je lui réponds.
Et hop on rentre dans le vif du sujet. Il met ma musique, regarde les photos de moi sur internet et bla bla bla, et il faudrait ça, et oui carrément, et ça ce serait chouette, mais oui, et le stylisme, t'as pensé à quoi? Je vide mon sac et lui montre deux trois trucs, oui ça serait bien, et ça t'en penses quoi? Attends j'ai une idée, et si, et si on tentait avec cet accessoire là ? Ah mais oui, c'est une très bonne idée! Et ça ? Ouais, j'aime moins, alors partons sur ça, et le maquillage? Comme ça? Ca ce serait bien. la coiffure? Ah oui comme ça c'est pas mal. et bien NOUS SOMMES D'ACCORD! Rendez-vous la semaine prochaine.

Je sors de là toute guillerette, comme après une bonne conversation chiffon avec ma meilleure pote.

Là je me dis qu'il faut que je complète ma panoplie, je reprends le métro et file rue Tiquetonne dans ma p'tite boutique préférée...Les impertinentes...Je sens bien que j'oublie quelque chose, quelque chose d'important. Je rentre et regarde, oh c'est beau, oh c'est chouette, ah cette robe c'est ce qu'il me faut, ouh la la, c'est pas donné, prix normal entendez juste que.... Je tente de me rappeler un truc....
Allez elle me va tellement bien, je la prends!
Je sors de là  allégée de bons euros.... Et me souviens.
Ma résolution...
Raisonnable tu seras.
Raté.


Second rendez-vous : Débaucher le personnel de chez Roy Music.
Je rentre dans les locaux, et rencontre Jérôme Ghern, graphiste, chanteur, guitariste, arrangeur, réalisateur, directeur artistique, photographe, buveur de "juste un café s'il vous plait".
Une connaissance commune nous a fait nous rencontrer. Nous discutons donc, il me donne deux trois conseils, me dit que le métier c'est pas simple, mais tout le monde te le dira, surtout aujourd'hui, mais en même temps, y'en a marre des gens qui disent ça, ça m'énerve, c'est déprimant, ça t'énerve pas toi?
Le personnage est très sympathique. Je repars chargée de précieux conseils sur mes visuels nous allons nous tenir au courant.

Allez, temps de rentrer dans mon chez moi familial.
Montparnasse. Boutique des gâteaux de Lili.
- Un carrot cake s'il vous plaÎt!
- Avec ou sans glaçage?
- Allez, (gros sourire de connivence) soyons fous, avec glaçage! ah ah...
Ah ah... Elle rit mais je sens bien qu'en fait... On le lui a déjà fait mille fois et elle est juste une nana sympa qui n'a pas envie de me mettre mal si tard dans la soirée...


Retour à l'envoyeur.

dimanche 1 février 2015

Mercredi 28 janvier 2015. 
Je suis dans le train, j'ai dans la tête un article qui m'a retourné l'estomac et la cervelle. J'essaie de penser à autre chose. Je sors du train et prends le métro pour rejoindre mon hôtel. Curieusement ici, je prends l'air. Ce soir j'ai rendez-vous aux trois baudets, soirée Sacem, on annonce Dimoné et Joseph d'Anvers. Je n'ai encore vu aucun des deux sur scène. 
Je ne m'attends à rien.
J'arrive à l'hôtel. Une femme m'accueille avec le sourire, je le lui rends. Je prends les clefs, prends l’ascenseur et entre dans la chambre, tout est correct, hors de prix bien sûr, c'est Paris, mais c'est tout à fait correct.
Je prends le temps de me maquiller, légèrement, j'essaie de ne pas en faire trop, la lumière est trop légère pour savoir ce que ça donne vraiment. J'ai en mémoire cette fois où je suis sortie avec le nez orange de fond de teint. 16 ans, c'est pardonnable.

Je repense à l'article.

Je reprends le métro et arrive aux trois baudets. Là un type m'accueille et me dit, "mais on se connaît!!" et je dois dire que je crois qu'il a raison....On s'observe, on dit nos noms respectifs avec dans l’œil l'assurance que l'autre ne manquera pas de nous reconnaître, "lola Baï? non vraiment ça ne te dit rien?" Non, rien...et son nom à lui? Rien pour moi. En fait on ne se connaît pas, mais c'est une bonne rencontre! J'irai plus tard écouter ce qu'il fait, et plus tard j’apprécierai : Fabien Boeuf.

Je suis accueillie pas l'équipe de la Sacem, Nathalie Roy, Lionel Truc...Chaleureux, souriants, un peu l'impression d'être dans une famille. Je cherche des yeux Nans et Laurent, deux amis qui doivent être là. Les deux finissent par arriver. Nans s’échappe et va s'installer à l'étage, Laurent et moi nous sommes moins malins, on prend les deux dernières places....au premier rang....juste devant la scène toute en hauteur. Pour ceux qui connaissent la salle, c'est cruel.

Dimoné entre en scène, et je me sens toute petite à ses pieds. Le set commence, ils sont deux. Oui, je vois bien qu'ils sont deux, mais j'ai l'impression qu'ils sont dix. Des artistes tentaculaires, l'un est assis, il manipule deux claviers de la main droite avec un contrôleur midi, de la main gauche un autre clavier pour les basses, un tambourin au pied gauche....je me demande ce qu'il a au pied droit. Je ne vois rien...pas assez amorti ce musicien. Dimoné, lui, joue de la guitare, plusieurs mais pas en même temps.  A son pied droit, une stomp qui lui permet de jouer la grosse caisse. Je dois dire que je ne sais pas trop quoi en penser. Ça ne me gène pas plus que ça d'habitude, mais aujourd'hui je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui nous pousse à faire ça? Surfait le guitare/voix? ça n'envoie plus assez et les budgets sont trop serrés?
Au bout de quelques chansons cependant, j'accroche bien. Il est assez inquiétant ce garçon mais dans le bon sens du terme. si si! On sent qu'il bouillonne, ses mélodies sont franchement agréables et sa voix granuleuse aussi.

Arrive Joseph d'Anvers. Il commence sur une très belle chanson, ils sont quatre sur scène et pour le coup, ça me semble plus cohérent. Il enchaîne quelques chansons et je suis bien attrapée. Arrive une chanteuse, Marie, pour l'accompagner. Jolie timbre, les deux voix se marient bien, c'est agréable. Le monsieur me fait ensuite une peur bleue, remarquez que je suis toujours au premier rang. Il s'avance au devant de la scène, glisse,  manque de tomber dans mes bras que je tends sachant pertinemment que je ne pourrai rien rattraper du tout, (merde lola tu reprends quand le sport???) Ouf il se redresse, tout va bien....1er rang de M****.  Les chansons s'enchaînent ensuite mais on sent ce petit monde un peu stressé et du coup un peu extérieur à ce qu'il se passe. Seconde date pour eux, ça se comprend. Je perds un peu le fil mais quand ça s'arrête je me dis que je vais acheter l'album qui doit sortir (ouais, parce que moi j'achète encore les albums...) et que j'attends de le revoir sur scène. 

Fin du concert. Début du cocktail. Je monte à l'étage avec Laurent et Nans. Il y a là tout plein de choses à grignoter. Tout le monde est souriant, gai, ravi d'être là. Je vois les femmes, apprêtées, maquillées...
je repense à l'article.
Tout se passe plutôt bien, je rencontre des gens intéressants, je ris pas mal, je souris beaucoup, je suis moi aussi contente d'être là, la légèreté fait du bien.
minuit. Je pars.
Je reprends le métro, seule.
Je repense à l'article.
Les gens ont changé, tout le monde a au moins un verre d'alcool dans le sang. 

On sent que c'est un peu plus agressif, mais tout va bien, je rentre sans encombre.

J'arrive à l'hôtel, le gardien me sourit gentiment et quand je lui demande s'il y a un distributeur de boissons chaudes pour avoir un thé, il me dit que non mais qu'il veut bien m'en préparer un au bar. En deux minutes je le remercie et pars dans ma chambre avec un thé fumant.

Je repense à l'article.

Je suis une femme.

Je suis une artiste.
Je prends ma voiture seule.

Je me balade dans les rues de Paris. seule.

C'est normal, tout va bien.

Pour moi tout va bien.


http://www.liberation.fr/monde/2014/12/03/le-but-de-daech-etait-de-ne-laisser-aucune-fille-vierge_1156103


Un blog enfin, premier dessin

Il y a longtemps, fort longtemps je tenais un journal, un blog. Je racontais mes mésaventures sur les bancs de la fac de droit. Fort heureusement pour mes professeurs, je me suis vite concentrée sur la scène musicale mais ma plume littéraire est restée quelque part dans un amphithéâtre. Je crois l'avoir retrouvée! Me voilà de retour, avec beaucoup de choses à raconter! Un autre envers, celui de la scène. Et pour ce nouveau départ, quoi de mieux qu'une première oeuvre? Ma toute première peinture à l'eau...vous aimez? I don't give a shit! ;)