mercredi 18 mars 2015

Oeil de boeuf.

Je ne dors pas. Il est 2H30. Je me retourne dans mon lit, sur le côté, l'autre côté, je m'agace. J'ai des impatiences. 3h00. toujours rien. Je ris intérieurement de l'ironie de la situation. Demain, c'est la fameuse séance photo. Nous devions la faire vendredi dernier mais la vieille j'avais un concert...donc je n'allais pas beaucoup dormir, donc j'allais avoir une tête de déterrée bouffie, donc nous avons repoussé. Très bon plan sauf que c'était sans compter mon angoisse, ma trouille, ma panique. (et si le Photographe m'oublie? et si finalement il ne veut plus me prendre en photo? et si je n'arrive pas à avoir un truc intéressant dans le regard? Le vide? un regard bovin? vas-y cocotte, là tu me donnes rien, vas-y!!)

3h30.

Je décide de recourir à mon stratagème de sioux qui consiste à passer d'une image à une autre, du coq à l'âne....Vous n'en n'avez jamais entendu parlé? C'est normal je l'ai inventé..concept expliqué : penser à une fourchette puis une piscine, une lampe, un éléphant...aller très vite dans la visualisation, il ne doit y avoir aucune cohérence, et PAF à un moment donné je m'endors.
En fait non.
5H00...je ne dors pas...
6h00....je ne dors pas...
7h30????? Je panique, mais qu'est-ce que j'fous? je devais me lever à 6h30! Je me lève d'un bond...
et finalement me réveille...
mon truc des images avait vraiment marché.

Il est 4h30 je dormais en rêvant que je ne dormais pas...

...

...

ok...une fourchette, une piscine, une lampe, un éléphant....


6h30 je me lève. Je me regarde dans la glace.

Déterrée bouffie.

Je prends la route, le train.  Mon voisin est assez agacé parce que je ne m'installe pas assez vite. Je vais prendre un café. Personne pour me faire sourire cette fois. Morose. Gare. Métro. J'arrive chez le photographe, un petit peu en retard, un petit peu en nage. Valise pleine de fringues + métro ça ne fait pas bon ménage. Il m'accueille avec le sourire, je m'excuse pour le retard, il me dit que ça n'est pas grave. Je pose mes affaires, on discute deux minutes, et il a un coup de speed "bon allez on y va, euh parce que l'attente tu comprends, y'a un moment dans les séances, je m'impatiente, je veux commencer le travail!", tu reviendras pour le "c'est pas grave le retard". Mais en fait ça me fait rire parce que c'est dit comme un enfant qui trépigne d'impatience, à qui on a donné un jouet et qui n'arrive plus à attendre d'enfin l'essayer. Ce monsieur a l'air d'être un vrai gentil. Malgré son urgence, il me propose tout de même un café. Et là j'ai l'image de la maman du petit garçon impatient..."On n'oublie pas les bonnes manières, mon fils!".

OK! Allez on se dépêche, on choisit les fringues, hop, je m'habille, me maquille légèrement et c'est parti! (quoi? pardon? non je n'ai pas de maquilleuse...c'était hors budget...)

Et voilà. Premiers clics de l'appareil photo.

"c'est quoi ces yeux de petit moineau apeuré?"

AAAAAAAAAH le regard vide, l'oeil bovin!!!! je l'avais dit!!
non il a dit moineau, c'est quand même pas pareil.
Moi apeurée? n'importe quoi. vraiment n'importe quoi...pas du tout la trouille la lola.

ok, il me dit d'être fière de ce que je fais, fière de ma musique. Je respire. Le petit moineau s'en va.


et c'est parti pour 3h30 de shooting.

la séance se termine, et je dois dire que j'en suis plutôt contente, non pas que ça se soit mal passé, c'était une super expérience, j'ai même fini par me prendre au jeu...mais, alors, CREVÉE la Lola, lessivée!!!!!! sans déconner, total respect aux modèles, mannequins qui restent des heures concentrés avec ce je ne sais quoi dans le regard. Pour ma part, à la toute fin, je pense que l’œil vide du bovin ne devait pas être loin.

On se dit au revoir.

Je repars absolument ravie de la rencontre et de l'échange. A mon tour de trépigner d'impatience pour voir le travail. Je recevrai les photos dans une semaine.


Et puis zut.

Un oeil de boeuf, un oeil de vache, avec leurs grands cils soyeux, c'est quand même beau.


Alors je vais tâcher de ne pas trop m'inquiéter du résultat.




mercredi 4 mars 2015

Une nana sympa

Direction Paris.
Je commence bien la journée, monsieur wagon restaurant SNCF est d'humeur badine, notez que nous ne nous connaissons pas. "Ce sera quoi pour vous mademoiselle? Café latte? Je vous mets un couvercle? Non ? Parce que la dernière fois, y'en avait partout, hein? Ha ha! Et un muffin avec ça? Ah voyez il ne m'en reste qu'un, il vous attendait, ah ah, la prochaine fois n'arrivez pas en retard! Ah ah!". C'est pas franchement drôle, mais je suis une nana sympa, je n 'ai pas envie de le mettre mal si tôt le matin, je joue le jeux et prends mon café avec un grand merci qui déraille de la façon la plus ridicule qui soit. C'EST LE MATIN BORDEL! j'ai pas la voix chauffée... Je loue l'ingénieur qui n'a pas réussi à  suffisamment insonoriser les wagons et m'enfuie retrouver ma place.

Paris se profile et avec elle mon rendez-vous/rencontre avec un photographe pour des photos de presse. Je prends le métro et tombe sur un groupe de musiciens russes (à priori russes, suis pas experte sur les langues de l'Est... Alors contentez-vous de ça.) Les amis, je vous jure, j'ai dû m'arrêter pour les écouter tellement c'était beau. Une dizaine de voix masculines, des mélodies d'une tristesse infinie mais qui vous chavirent le coeur. Je leur donne ma monnaie, reprends le métro et regrette de ne pas leur avoir acheté un cd... Besoin de faire quelques économies en ce moment, je me jure de ne pas trop dépenser aujourd'hui, parce que vraiment les temps sont durs.

J'arrive enfin à  mon rendez-vous. Je monte de vieux escaliers en bois et essaie de sonner à la porte. La sonnerie est HS. Je frappe bien fort. Un homme ouvre la porte, me regarde et dis "ah ben non!" et s'en retourne laissant la porte ouverte. J'entre à sa suite "sympa l'accueil!" dis-je en riant. Le type qui n'est pas mon rendez-vous, rit à  son tour "Excuses-moi j'attends moi aussi quelqu'un et je pensais que c'était lui."
J'entre dans l'antre de quatre artistes, il y a des guitares, un petit ampli vox, des photos partout, des livres qui débordent de bibliothèques, une odeur de tabac froid et de café frais. Mon rendez-vous s'avance et me sourit, on se présente, c'est la première fois que nous nous rencontrons.
"Tu veux un café?" avec plaisir (avec un couvercle ah ah...nan parce que la dernière fois...)
Je m'avance vers son bureau et observe là sous mes yeux, les photos des pochettes d'album les plus classes de la chanson française. Je me dis que j'ai bien de la chance.
"Tu peux t'assoir si tu veux" "non je peux pas, j'observe!" que je lui réponds.
Et hop on rentre dans le vif du sujet. Il met ma musique, regarde les photos de moi sur internet et bla bla bla, et il faudrait ça, et oui carrément, et ça ce serait chouette, mais oui, et le stylisme, t'as pensé à quoi? Je vide mon sac et lui montre deux trois trucs, oui ça serait bien, et ça t'en penses quoi? Attends j'ai une idée, et si, et si on tentait avec cet accessoire là ? Ah mais oui, c'est une très bonne idée! Et ça ? Ouais, j'aime moins, alors partons sur ça, et le maquillage? Comme ça? Ca ce serait bien. la coiffure? Ah oui comme ça c'est pas mal. et bien NOUS SOMMES D'ACCORD! Rendez-vous la semaine prochaine.

Je sors de là toute guillerette, comme après une bonne conversation chiffon avec ma meilleure pote.

Là je me dis qu'il faut que je complète ma panoplie, je reprends le métro et file rue Tiquetonne dans ma p'tite boutique préférée...Les impertinentes...Je sens bien que j'oublie quelque chose, quelque chose d'important. Je rentre et regarde, oh c'est beau, oh c'est chouette, ah cette robe c'est ce qu'il me faut, ouh la la, c'est pas donné, prix normal entendez juste que.... Je tente de me rappeler un truc....
Allez elle me va tellement bien, je la prends!
Je sors de là  allégée de bons euros.... Et me souviens.
Ma résolution...
Raisonnable tu seras.
Raté.


Second rendez-vous : Débaucher le personnel de chez Roy Music.
Je rentre dans les locaux, et rencontre Jérôme Ghern, graphiste, chanteur, guitariste, arrangeur, réalisateur, directeur artistique, photographe, buveur de "juste un café s'il vous plait".
Une connaissance commune nous a fait nous rencontrer. Nous discutons donc, il me donne deux trois conseils, me dit que le métier c'est pas simple, mais tout le monde te le dira, surtout aujourd'hui, mais en même temps, y'en a marre des gens qui disent ça, ça m'énerve, c'est déprimant, ça t'énerve pas toi?
Le personnage est très sympathique. Je repars chargée de précieux conseils sur mes visuels nous allons nous tenir au courant.

Allez, temps de rentrer dans mon chez moi familial.
Montparnasse. Boutique des gâteaux de Lili.
- Un carrot cake s'il vous plaÎt!
- Avec ou sans glaçage?
- Allez, (gros sourire de connivence) soyons fous, avec glaçage! ah ah...
Ah ah... Elle rit mais je sens bien qu'en fait... On le lui a déjà fait mille fois et elle est juste une nana sympa qui n'a pas envie de me mettre mal si tard dans la soirée...


Retour à l'envoyeur.