lundi 29 février 2016

The Voice - les coulisses - Audition à l'aveugle 3/3

Lundi 29 Février.

Tout va bien.
Tout va très bien.
Quelles étaient mes peurs déjà? les haters? passer inaperçue?
oh oh oh !
Il est clair que je ne suis pas une artiste "The Voice " qui a explosé. A priori je ne ferai pas la couverture de "Voici" ni de "Closer".
MAIS Pour dire vrai (et vous savez maintenant à quel point j'essaie dans ce blog d'être honnête et sans complaisance avec moi-même...), je crois que ce que j'ai est exactement ce qui peut me faire le plus de bien. J'ai passé la journée hier à répondre à toutes les personnes qui ont eu la gentillesse de prendre de leur temps pour m'écrire un mot. C'était très agréable à faire, à dimension humaine, je me suis sentie bien, pas débordée mais pas non plus ignorée.
J'espère, en fait, je prie pour que cette aventure reste aussi simple, quel que soit le temps que je passe dans l'émission.
 Merci à tous. :-)



Mais revenons où je vous ai laissé....
Juste avant l'audition à l'aveugle...




je vais devoir revenir sur des choses pas très drôles...mais c'est à ce moment là que ça s'est passé....



Nous sommes le 14 novembre.
Hier l'horreur à Paris.
L'horreur tout court.

       Je pleure beaucoup d'autant plus qu'aujourd'hui ce sont les funérailles de ma grand-mère, 94 ans.
Je m'habille, je retrouve mes copines de chants et de cœur. Elles ont bien voulu venir chanter avec moi pour cette femme qu'elles ne connaissaient pas mais à qui je ressemble tellement.
Elles descendent de leur chambre d’hôtel, on se prend dans les bras et on pleure. Nos gorges sont serrées. Nous allons chanter dans quelques heures, la cérémonie est prévue pour 10H.
        On termine notre café. Nous arrivons à manger, tout semble sans goût, nous agissons de manière automatique. Des larmes coulent. On coupe la télévision, le silence fait du bien. On se lève et on charge le matériel.
        L'Eglise nous attend, nous avons l'habitude, on s'installe, je vérifie avec le prêtre le déroulement de la cérémonie.

       Je m'installe à mon piano. Je respire profondément. J'essaie de trouver le bon endroit en moi pour arriver à chanter. Mes copines sont dans le même état. On se soutient sans un mot.
Nous arrivons à la fin de la cérémonie et nous entonnons la chanson préférée de ma grand-mère, "je chante pour toi liberté".

Tellement à propos.

Quelques jours avant je la trouvais complètement ringarde et là je la trouve sublime.
Nous y mettons tout, nous donnons tout, interprétons toutes les nuances.
          Voilà à quoi nous servons nous artistes, nous sommes là pour nous rassembler tous autour d'un sentiment commun, une idée commune, l'amour, la liberté, nos angoisses, nos peurs, nous sommes là pour que chacun puisse se dire qu'il est compris, qu'il n'est pas seul que nous vivons tous les mêmes émotions, les mêmes choses à divers moments de notre vie, nous sommes ensemble, nous sommes les mêmes.
            Le dimanche 15 novembre je vais à Paris. Je vais faire ma répétition le 16, l'enregistrement de l'émission est prévue le 17. Nous serons plus nombreux que prévu, ils ont bien sûr annulé le passage du samedi 14.
Est-ce que ça a du sens?
Je pleure encore beaucoup.

            J'arrive à Paris, je vais dans la chambre que j'ai loué. c'est sale, mauvaise pioche. Quand on a pas les moyens, c'est la loterie, c'est comme ça, je suis habituée.
Je sors manger, les rues sont tristes et électriques, je suis dans le quartier de la gare du nord.
Il y a de la tension dans l'air, comme un point d'interrogation, comment on continue?
Peut-être que je devrais demander aux libanais...aux palestiniens....aux israéliens....aux irakiens...aux syriens...aux...aux....que la liste est longue.
            Je mange rapidement et repars dans mon taudis.

C'est le matin, j'arrive dans les locaux de The Voice.
          L'équipe est très accueillante, très chaleureuse, on sent pourtant qu'après le 13 novembre, le cœur a du mal à sourire. S'ensuit une journée très longue mais paradoxalement très ludique, je commence par le stylisme, la tenue que j'ai apportée leur convient. Je passe au maquillage, Salomé la maquilleuse est adorable.
Je passe à l'échauffement avec Angie. Vocalises bien agréables, je chante une fois ma chanson, pas très bien, comme à toute mes répétitions.
Je redescends et là une série d'interviews commence. Je me prends carrément au jeu. Je commence par chanter une reprise.

Comment peux-tu passer aussi vite de la gravité à la légèreté? 

Et puis vient midi et la minute de silence.

La première fois que je vois en vrai le plateau télé de The Voice, c'est pour la minute de silence en hommage aux victimes du 13 novembre.
C'est étrange.
Nous sommes tous là, la minute n'a pas commencé mais le silence règne déjà. Je suis submergée par l'émotion, mes larmes n'arrêtent pas de couler. Je m'essuie les yeux, j'essaie d'être discrète. Une main se pose rapidement sur mon épaule, je ne sais pas qui c'est, deux pressions compatissantes et elle se retire.C'est discret et ça me fait du bien.
La minute se termine.
Nous retournons dans le "foyer".
Une autre main (la même? je ne pense pas), se pose sur mon épaule, "ça va?", une voix avec un sourire que je trouve condescendant, pour le coup ça ne me fait pas du tout du bien, je ne connais pas cette chanteuse, le fait qu'elle parle et me regarde, je trouve ça invasif, je me dégage rapidement, je grommelle un oui.  C'est dingue non? C'est un moment de fraternité mais cette main et cette voix m'irritent,  m'agacent...Je ne suis pas fière de moi mais ce "ça va?" Comment peut-on poser cette question? Dans les conventions on est obligé de répondre oui, elle me force à répondre oui, super je vais bien et toi ça va?
Bien sûr que ça ne va pas!!!! Évidemment que ça ne va pas, je pleure, je suis triste, je suis en colère, réserve ta question pour le petit déjeuner demain!!
ça va, bien dormi? Ouais cool.

...
...

Merde, elle voulait juste être gentille.
Qu'est-ce qui cloche chez moi?



Allez, c'est reparti pour le jeu.
Volte face, l'humeur redevient plus légère.
Interview à n'en plus finir, j'essaie de répondre de manière drôle et inspirée, l'exercice n'est pas simple, mais ça me plaît.
A mon tour de répéter sur le plateau.
Woaw.
J'écoute tout ce qu'on me dit, tu dois rester là, le rideau s'ouvre, tu vas là-bas, tu regardes par ici, décompte, tu commences, là tu prends ton micro, tu vas là, tu écoutes ce que les coachs te disent et tu repars par là.
Je flippe, mais vraiment, je me sens bien sur ce plateau, les gens sont bienveillants. Je me sens à la maison, je fais ma chanson. j'adore. encore, encore, ENCORE!!!!!
Je repars.
Le soir nous sommes en famille, mon chéri ma sœur et moi à Aubervilliers.
Je prends le risque de manger indien, les épices et moi c'est pas toujours le duo gagnant.

Nous dormons tous mal.
On se lève avec des gueules pas possible, je me dis que Salomé aura un peu plus de travail.
Nous arrivons sur les lieux de très bonne humeur, on a envie de rire. Maquillage, stylisme, j'échauffe ma voix mais je refuse de chanter ma chanson, c'est trop tard, je n'ai pas envie, et si je me plante? Si je déraille? Dans quelle disposition ça me mettra pour le soir? La chanson est vraiment dur pour moi. Je ne veux pas de mauvaises ondes.
Je redescends et là nous sommes très nombreux à attendre.
Ca piaille, ça ri, ça se reluque de partout mais l'ambiance est plutôt cool.
Encore quelques interviews seule et ensuite avec ma famille. On nous demande de nous faire un câlin...on explose de rire, un quoi? un câlin? nous sommes pudiques nous, on fait pas ça comme ça... alors on essaie, on dirait des pingouins endimanchés.

Et puis on attend.
On mange.
On attend.
On mange.
On va aux chiottes.

La journée est un long défilement de gens qui prennent un café et vont aux chiottes.

Nous sommes tous malades.
La peur, les amis, le trac, c'est terrible pour le transit.
Je pense que la production de The Voice a des parts dans les rouleaux de PQ.
C'est pas glamour? 
Je te jure que c'est vrai, un défilé incessant. Tous gênés parce que évidemment pas moyen d'être tranquille avec son trac, t'as toujours quelqu'un derrière la porte qui attend son tour.

C'est ça aussi "The Voice" l'ami ! "This is The voice  tindinlindiiiiiiin"
             Bruno Berberes, Ze casteur,  discute avec les candidats , il prend le temps de discuter avec moi. Je lui dis que j'aimerais vraiment avoir Zazie comme coach, il est d'accord sur mon choix, il trouve que ça marcherait bien.
         On arrive au moment fatidique. Ça va commencer, on nous met tous dans une immense pièce avec plein de mobilier tendance, on se croirait chez Maison du monde. Il fait une chaleur terrible, on transpire à grosses gouttes, ils font quelques images et éteignent les lumières. ouf. on respire.
Les premiers candidats sont appelés, il est 20h.

          On ne connaît pas notre heure de passage, ils font le filage en temps réel.
Il y a un piano à queue et certains artistes s'y mettent, il y a notamment Clide qui est franchement bon je trouve. C'est très agréable à écouter tout ça, ça détend.
On attend...
Les candidats passent...
Nous on attend...
On entend les cris dans la family room, c'est comme ça qu'on sait que les coachs se sont retournés, mais il y a une grosse réserve quand les artistes reviennent, on ne sait pas vraiment qui a été pris ou pas...c'est étrange...
On attend...
BORDEL ON ATTEND
Ça y est on m'appelle!!!
Il est minuit. 

Je monte refaire un échauffement, je redescends....
J'attends...
...
C'est mon tour,
Ma sœur et mon chéri vont dans la family room, 
Moi JE RESTE SEULE (et merde...effet The voice...je chante du Goldman....Private joke aux choristes de ma chorale...)


Je recroise Bruno Berberes. Là il me demande si je veux toujours Zazie. Je lui réponds que oui. Il me dit que son équipe est déjà chargée en femmes, qu'il n'y a peut-être pas assez d'espace pour me mettre en valeur...Il me conseille du coup de vraiment écouter ce que les coachs me disent. 


Je me reconcentre.
Je me sens étonnamment calme. Retouche maquillage, je vais dans un couloir pour faire des images de moi en train de me concentrer...c'est sans doute le seul moment où je n'arrive pas à me concentrer...J'entends mon prédécesseur puis les remarques des coachs, j'en déduis qu'il n'a pas été pris.
Ensuite on me laisse un peu seule, et on vient me chercher pour monter les escaliers. 
Je suis derrière le rideau, tout le monde est adorable là, des sourires bienveillants, on parle tout doucement.
J'ai envie d'y aller, j'ai envie de vivre pleinement ce moment de folie, ce moment hors du temps.
Le rideau s'ouvre.

Je m'avance, je prends mon temps, je branche ma guitare, je respire, c'est très fort, une émotion incroyable, l'impression d'être sur un fil, de faire un numéro d'équilibriste.
Le décompte.
Et c'est parti.
1er accord.
Je fais ma 1ère phrase et termine par une fausse note.
Oh oh. Je sens bien que mon corps et mon esprit sont détendus mais que que l'idée n'est pas encore arrivée aux oreilles de mes cordes vocales ni de mes doigts sur cette guitare!
C'est pas grave, je comprends et j'accepte, c'est comme ça.
Ça ne me gâchera pas mon moment. Je m'en fiche des fausses notes, ce que je veux c'est vivre pleinement le moment présent.
Je chante To France de Mike Oldfield.

Je suis sur un plateau télé.

Et c'est cool. 

It's so fuckin' cool !!!!!!!!!!!!!!

Je manque de souffle tellement mon cœur bat vite, je peine à finir mes phrases, ça aussi je m'en fiche.

j'ai légèrement changé la mélodie sur le pont pour pouvoir chanter un peu plus grave,  cette chanson est tellement aigue!

et voilà.

Ils se retournent, Garou et Pagny en même temps.

je savoure.

dernière note.
Zazie.


Est-ce que ça valait le coup?

Grave.

Et même si tout s'arrête très vite, c'était un kiffe énorme, ÉNORME !  (note à moi même....si effectivement ça s'arrête très vite, relis toi Lola, relis-toi!!!!)

Je ris beaucoup, prends le temps de débrancher ma guitare et de prendre mon micro. Je me positionne comme ils me l'ont dit, et j'écoute.


Je repense à a ce que Bruno m'a dit.
Au moins, au lieu d'aller tête baissée vers celle que je préfère musicalement, j'écoute ce qu'ils ont à dire.
Je trouve que Zazie manque d'arguments et ne semble pas vraiment me vouloir...Et puis il y a ce type, solaire, souriant, généreux, heureux d'être là, il semble véritablement s'amuser et moi c'est de ça dont j'ai besoin. M'amuser, lâcher prise, le moment présent est follement important, urgent. 
Alors je le choisi lui. Garou.

Je sors de scène, je suis bouffie d'adrénaline.
Je revois ma famille, on se fait un câlin de pingouins endimanchés devant les caméras,  on est heureux.
je repars pour des photos et interviews.

Enfin nous pouvons partir. Je remercie toute l'équipe, je n'en reviens pas qu'ils soient tous encore très souriants et agréables avec nous après cette journée de folie. Charlène, Marine, Kim, Emilie, Jérôme, Medhi...tous souriants et prévenants. 

Je sors, nous prenons la voiture et on rentre chez nous.

Je conduis les yeux grands ouverts, l'adrénaline au top, je parle, je parle, je ris, on se marre ensemble, on a le sentiment d'une bonne blague, ce voyage est surréaliste.

Je dors 2h et enchaîne avec une journée de résidence artistique avec The ShougaShack, l'énergie toujours présente.
Le soir je récupère ma petiote. bonheur.

Puis deux autres jours de résidence....
Avec la déprime.

Bah oui les amis, c'est comme une drogue, t'es heureux puis t'es en manque et ça met bien deux jours à se calmer.

Il faut le savoir.
Il faut l'accepter.

Rendez-vous aux battles.





jeudi 25 février 2016

The Voice - les coulisses - Audition à l'aveugle 2/3

Jeudi 25 février 2016



Voir le passage des copains avant de passer.
D'abord c'est l'angoisse du ridicule, la peur de la méchanceté et des haters qui vient (évoqué dans l'épisode 1/3)

Ensuite c'est bien moins avouable, vient une autre peur...et là c'est l'égo qui parle.

On le voit tout de suite, à chaque émission,  c'est clair, certains artistes sont au bon endroit au bon moment, ils explosent littéralement, les gens adhèrent en masse à leur proposition...Et puis il y a les autres...Qui passent plus ou moins inaperçus, en tout cas en comparaison.
Pour le succès, c'est évident après coup. Pour les autres, j'avoue que je ne le comprends pas toujours.
Alors voilà la nouvelle peur inavouable... mais avouée (à moitié pardonnée?) :
- et si je passais totalement inaperçue???
Une partie de moi a très envie de passer totalement inaperçue...et de continuer ma route tranquillement et sereinement...l'autre, la gamine en moi...vivrait mal ce désamour.
Je suis soumise à de nombreuses émotions totalement contradictoires entre ce que je veux, ce que je crois vouloir et ce que je peux supporter.



Mais revenons plutôt au début.

Une semaine s'est donc écoulée depuis ma répétition.


 Le 16 septembre 2015

Là c'est pour de vrai, enfin quasi.
C'est ce qu'ils appellent "l'audition finale" devant TF1 et UNIVERSAL


Une seule tentative cette fois. La tension est palpable, nous sommes nombreux à passer et cette étape est possiblement éliminatoire. Il est tôt, 9h du matin. Nous allons tous passer dans la matinée, et autant vous dire que ça n'est vraiment pas le meilleur horaire pour chanter....
Alors j'ai loué la veille une chambre tout près des studios HOCCO. A 6h30, debout pour commencer mes vocalises.  Je n'ai pas vraiment le choix. J'ai une voix très fragile, toujours sur le fil malgré les nombreuses heures de travail,  je n'ai jamais réussi à la maîtriser et doute sérieusement d'y arriver un jour...La plupart du temps, je le prends plutôt bien. Je sais que c'est ce qui fait aussi le charme de ma voix. Et puis certains jours j'écoute les chanteurs à voix et ....arghhh...je ne peux pas m'empêcher de les envier.

Nous avons chacun une mise en voix avec notre coach vocal Angie. Quand j'arrive jusqu'à elle, il est 9h30 et j'ai déjà vocalisé 2h.
Angie me fait faire une première ligne mélodique....ma voix est encore très fragile. elle me dit que le réveil est difficile,  et je lui réponds que j'ai pourtant déjà travaillé...
"ah, à t'entendre je pensais que c'était vraiment la première fois de la journée que tu chantais..."
Ses mots sont simples, elle énonce un fait, sans aucune arrière pensée...mais ça me déstabilise...
Je termine les vocalises, je chante mal ma  chanson et repars de là franchement dépitée.
Je retourne dans le foyer. Je me raisonne, tout va bien Lola, tu connais ta voix, elle saura trouver le bon chemin quand il le faudra...

Viens rapidement mon tour.

Je descends dans le couloir qui mène au studio. Là nous attend Bruno Berberes. Il est souriant, il semble détendu.
Je souffle.
J'entends les autres chanteurs avant moi. ça se passe évidemment très vite, 2 min par chanson. J'essaie de ne pas me comparer, c'est dur, ils ont tous des voix incroyables avec une technique irréprochable...
Ne te compare pas.
Ne te compare pas.
Tu ne peux pas te comparer.

C'est mon tour.
Je me retrouve devant des têtes indéchiffrables, des caméras sont braquées sur moi, je me présente, celle qui me répond est une femme au regard bienveillant. Je ne m'attendais pas à ce regard là, c'est TF1 après tout...bonjour les à priori.

Je respire.
c'est très étrange.
En fait je me sens bien.
En fait tous mes doutes s'effacent d'un coup.
En fait j'aime bien ces caméras.
Je me prends au jeu.

Je me lance.

Je termine.

Je suis très contente, c'était même très agréable pour moi.
Youhouhou ravie la Lola, c'est sûr ce moment est inoubliable.

Je sors...
On me rattrape. "Ils aimeraient entendre une chanson en français maintenant"
Hein??? Comment????
Bon...
Ok....
Je prépare quelque chose rapidement à la guitare.
J'y retourne.

Ils me redemandent mon nom
"M'enfin, suis Lola!!!! J'étais là y'a quelques minutes!!"
Tu repasseras pour le moment inoubliable....
La dame souriante se rappelle bien sûr, elle tacle ses collègues amnésiques.
Je l'aime.

Je me lance et mets tout mon cœur dans une chanson d'Aznavour.
Je termine et sors en prenant soin de ne rien oublier cette fois.
Je me dis qu'aucun regret n'est possible parce que j'ai vraiment donné tout ce que je pouvais.

Je vais signer mes contrats tout le monde doit les signer pour participer, il ne prendra effet que si nous arrivons aux lives, soit à la 4ème étape...avant ça nous sommes des artistes libres participants à un jeu concours non rémunéré.

Il me faudra attendre quelques jours pour savoir si oui ou non ma prestation les a convaincus.

Et là l'attente est interminable. Lundi, rien. mardi, rien. Mercredi, rien. Le truc c'est que dans ce métier, pas de nouvelles ça veut plutôt dire mauvaises nouvelles, on prend rarement le temps de prévenir les malchanceux qu'ils ne font pas l'affaire.
J'attends.
"pas de regrets possibles", je m'accroche à cette idée.
C'est dingue comme je me suis prise au jeu.
Je fais partie des artistes qui ont été contactés...je n'ai pas envoyé de vidéo à The voice, ça ne faisait pas parti de ma démarche artistique, et pourtant je me suis prise au jeu, j'ai très envie de me retrouver une fois dans ma vie sur cet énorme plateau télé, j'ai envie de vivre cette aventure, je trouve ça fou et dingue. Alors me voilà à stresser pour quelque chose que je ne souhaitais pas au départ....la vie est tordue.

Le jeudi, 16h, un message.
J'ai manqué un appel, je l'écoute : "Bonjour Lola, c'est Kim, j'ai les résultats, est-ce que tu peux me rappeler à ce numéro?"
Sérieux???? Kim!!!! TU POUVAIS PAS DONNER LE RÉSULTAT SUR MON RÉPONDEUR??????"
Toute tremblante je la rappelle.
Je fais genre je suis détendue....bon en fait je rigole nerveusement.
"ha ha, salut Kim, ha ha
- Comment vas-tu Lola?
- Ha ha, très bien merci, ha ha, et toi ça va?
- Oui oui, super, bon écoute, j'ai le résultat.
- Ha ha, oui?
- C'est bon, tu es prise pour passer les auditions à l'aveugle."

Là je crois avoir répondu un truc comme :
"Ah euh...dingue...je ...pffft...sans....vrai? Woaw, bon, hé hé, alors...euh....d'accord!"



ps: J'ai appris ensuite que chaque candidat est effectivement rappelé personnellement pour lui apprendre de vive voix s'il est pris ou non. Ces appels se font sur 2 jours.

dimanche 21 février 2016

The Voice - les coulisses - Audition à l'aveugle 1/3


 Lundi 22 février 2016



Je sais maintenant que mon passage enregistré dans l'émission The Voice sera diffusé samedi prochain (27 février...)
Plusieurs épisodes sont déjà passés, l'avantage c'est qu'on a le temps de se préparer en voyant ce qu'il se passe pour les copains...le désavantage c'est que ça fait ENCORE PLUS PEUR.



 Mais revenons au tout début de l'aventure :

 J'ai été appelée pour participer à cette émission il y a 3 ans...aucune gloire à ça, nous sommes très nombreux à être contactés.
J'ai refusé. Pas mon monde. bébé en route. la vie quoi.
L'année dernière, j'ai été relancée....j'ai tenté cette fois...pour voir ma participation annulée juste avant de passer devant les fameux sièges rouges : "tu comprends Lola, ils se sont trop retournés, y'a plus vraiment de places, on préfère te refaire passer l'année prochaine!"

...

...

Et nous voilà l'année prochaine. (une année, sans déconner, ça passe vite.), et ils m'ont effectivement rappelée.


Nous sommes le 09 septembre 2015, 

Voilà comment la machinerie "The Voice' fonctionne...
Après ton "repérage"  tu passes une 1ère audition, si tu la passes, tu es apte à passer l'audition finale AVANT les auditions à l'aveugle....Cette audition finale est devant TF1 et Universal, tu présentes la chanson que tu aimerais faire le jour J...et les grands patrons te disent s'ils veulent de toi sur leur chaîne.
"toi oui, toi non, toi pas correspondre toi peut-être...."

là j'en suis à la répétition pour l'audition finale...autant dire que je suis encore loin de passer à la télé.

Je suis au studio HOCCO

Une simple répétition.

Et déjà, c'est un peu beaucoup stressant pour moi.
Je ne sens plus mon corps, il me semble très froid, pourtant j'ai l'habitude de monter sur scène. Là c'est différent, le trac habituellement léger est devenu énorme, presque incontrôlable. Mon sang est un océan à marée basse, il semble s'être retiré. Mes mains sont blanches, je me demande quels sont les accords que je dois jouer, comment fait-on un la mineur à la guitare déjà? C'est pas comme si j'avais répété 10 000 fois le morceau.
Autour de moi, plein d'autres candidats. des "talents" comme ils disent....sauf qu'à ce stade c'est dur de ne pas se considérer comme des concurrents.
Tous ces chanteurs et chanteuses, ils semblent détendus, je sais pourtant que ça n'est qu'une façade. Pour contrer la peur, certains se taisent, certains rient fort, d'autres ne s'arrêtent pas de parler et puis il y a moi, dans un coin, j'écris ces mots.

Une répétition.
bon sang ça n'est qu'une simple répétition.

Mais la chanson est vraiment difficile, un pari risqué. La hauteur est vertigineuse pour moi. Pourquoi avoir choisi ce morceau déjà?
Mon chéri m'en a parlé et ça a fait tilt. C'est une chanson un peu "celtique" du moins dans l'idée que je m'en fais, une mélodie qui berçait mon cœur romantique quand j'étais ado. J'avais dû l'entendre par hasard à la radio, l'enregistrer sur ma cassette (à l'époque!) et l'écouter en boucle. Je ne parlais pas anglais, j'imaginais des princesses et des chevaliers et je n'étais pas loin du compte.
Je suis au fond une romantique nostalgique.

Combien de temps devons-nous attendre?
Nous faisons tous ensemble une petite mise en voix avec Angie, la coach vocale. C'est plutôt agréable. On essaie un peu d'écouter les timbres des uns et des autres mais c'est peine perdue dans ces conditions. Tant mieux.
nous retournons dans le "foyer".

Chaque artiste passe et répète sa chanson 3 fois minimum avec les musiciens, le temps d'être à l'aise. Moi à priori je dois m'accompagner de ma guitare, sans eux. Quelque part, je trouve ça pas plus mal...si je me plante ça s'entendra moins...ha ha ha....hum....

J'attends toujours.
Plusieurs heures.

A côté de moi, deux foldingues qui rient très fort. Plus ça va, plus je me laisse aller à leur hilarité. Je pose mon crayon et vais les rejoindre.
Elles c'est Oma et Antonia.
Mon dieu qu'elles sont drôles. totalement décomplexées, une énergie folle et ça fait du bien. Je me lance dans leur conversation et j'apprends petit à petit à les connaître.
Oma est un phénomène, une forte femme, une maman courageuse qui garde en tête son rêve, toujours. Antonia est plus jeune, elle rayonne d'étoiles dans les yeux.

Tout ça me fait passer le temps, il semblerait que je sois la dernière à passer. N'ayant pas besoin des musiciens, ceux-ci seront sûrement libérés plus tôt...
Ça m'agace d'être arrivée si tôt.

C'est mon tour.

Je descends vers le studio.
Il y a là la production et le chef d'orchestre olivier Schultheis. Je n'en mène pas large, oh non, vraiment, je suis très impressionnée.
Ma guitare est prête, elle a été accordée. C'est bien la première fois qu'on le fait pour moi! je la prends, gratouille un peu, arrange légèrement l'ampli, plus de reverb, plein de reverb, je teste le micro...woaw....je ne crois pas m'être déjà aussi bien entendue....bon, sur un guitare/voix, le contraire serait malheureux....on va dire que c'est la télé et que tout semble plus incroyable...

Prête lola?
Oui oui.
Allez je me lance et chante la chanson une première fois...enfin pas tout à fait. Je me plante lamentablement, oublie des paroles, m'arrête, m'excuse, reprend, fais des commentaires...

Oh !!!! hey!!!! Lola !!!! Really????

à la fin Olivier, bienveillant, gentil, m'apprend les règles du métier.
"Non Lola, on ne s'arrête pas en cours , on fait sa chanson jusqu'au bout, en entier, si tu oublies tes paroles ça n'est pas grave..."
Je le regarde.
Il me regarde.
J'explose de rire.
"Je sais Olivier, c'est la honte, c'est pas comme si j'avais 15 ans de métier derrière moi, mais là, tu comprends, c'est comme si j'avais tout oublié!!"
Je reprends mon sérieux, l’ambiance est un peu plus détendue, enfin JE suis plus détendue.
je reprends.
A la fin je tente un triple salto arrière de la mort vocale qui tue et déraille comme il se doit. PAF.
"OH LA LA, c'est très moche ça, hein, me laissez pas faire ça en vrai hein?"dis-je avant de poser le dernier accord.

Olivier : " JUSQU'AU BOUT TA CHANSON LOLA!!"

Ah oui c'est vrai.

OK.


Dernier essai.
Le bon.
Je fais la chanson parfaitement. Je l'interprète, je suis contente de moi.
Ils sont aussi contents.
C'est fini pour la répétition.
Je prends ma guitare et file, soulagée.
Une fois dans le foyer, je me rends compte que j'ai oublié la housse...je retourne au studio, je me fais toute petite, je m'excuse platement et ressors....pour me rendre compte que j'ai aussi oublié mon pull et mon cahier de chant...j'y retourne encore plus penaude
:"mais c'est pas vrai Lola, mais tu veux plus partir ou bien?!"
Je me marre.
Tout va bien.
Allez, direction RER...Métro...gare...voiture...MAISON. je rentre!!!!